Communiqué
de la Fédération de Paris de la Ligue des droits de l'Homme,
Le Nord-Est de Paris devient un
territoire où le droit des personnes n'existe plus. Ce constat n'est
pas le reflet d'un militantisme hargneux, il suffit de venir observer
ce qui s’y passe et de parler avec ces personnes exilées.
Depuis maintenant plusieurs
mois, les militants de la Ligue des droits de l'Homme se rendent au
moins une fois par semaine dans ces espaces délaissés, dans
l'objectif de répondre aux demandes de conseils sociaux ou
juridiques et d’orienter au mieux ces personnes vers des structures
de prise en charge. Avec des associations présentes, nous avons
interpelé la Mairie de Paris et l'Etat en mai puis en juin sur les
conditions faites à ces populations, sur ces sites où les principes
du droit ne sont que plus que de lointaines idées non appliquées.
Fidèles depuis trois ans, et
rendus impuissants devant l'ampleur et la difficulté de la
tâche, les bénévoles du Collectif Solidarité Migrants Wilson
viennent d’annoncer qu’ils arrêtent les distributions de repas
depuis le 1er août. Dès lors, les maraudes de FTDA,
d'Utopia et les visites médicales de MDM et MSF ne parviennent en
aucun cas à répondre aux besoins humanitaires constatés au
quotidien.
Ce mardi soir 7 août, square de
la porte d'Aubervilliers, les militants de la LDH ont encore pu
constater que plus de 500 personnes erraient, en quête de nourriture
donnée par les Restaus du cœur, et espérant obtenir une des rares
places d'hébergement que les bénévoles d’Utopia 56 parviennent
parfois à trouver pour les familles. Ce soir encore, comme tous les
soirs de maraude, avec les femmes et les hommes seuls présents sur
le site, nous rencontrons plusieurs familles avec des enfants en
bas-âge et des mineurs isolés étrangers en attente d'une
évaluation ou en rejet de leur minorité. Aucune tente ni toit pour
les abriter cette nuit, alors que des orages sont annoncés, et que
le jour la canicule affaiblit chacun. Dans ce contexte de promiscuité
forcée, d’attente incertaine et de dénuement, la tension éclate
d'un coup sans prévenir lors de la distribution.
Si nous saluons les dernières
annonces de la Mairie de Paris d'apporter son soutien en organisant
des distributions alimentaires et en permettant l'accueil de trente
personnes par jour, nous constations que les besoins demeurent
importants ; les centres d'accueil de jour parisiens sont pleins et
les exilés dorment devant la porte en y espérant une place, un
jour.
Quant à l'Etat, il ne répond
pas à nos sollicitations, feignant de croire que les places mises à
disposition dans les 4 Centres franciliens sont suffisantes. L'Etat
semble s’être affranchi de ses obligations et de ses
responsabilités et continue de refuser l'hébergement inconditionnel
aux personnes en procédure Dublin. Les préfets parisien et
francilien ne se donnent plus la peine de répondre aux lettres des
associations. Quant à l’Office Français pour l'Intégration et
l'Immigration, en charge du pré-accueil des demandeurs d'asile, il
vient de décider le 6 aout de fermer la ligne téléphonique
gratuite avec laquelle les exilés pouvaient espérer un rendez-vous
pour commencer leur procédure, rendant dès lors payant l'accès à
la demande d'asile.
Aujourd’hui, mercredi 08 août,
nous apprenons que ces mêmes personnes rencontrées la veille ont
été dispersées de la Porte d’Aubervilliers par les forces de
l’ordre, pour éviter toute forme de regroupements ou constitution
de campements. Encore, des dispersions brutales sans logiques, encore
demain sûrement, une évacuation qui ne comblera pas les demandes.
Aujourd'hui, nous constatons
que les droits des personnes à la dignité, à la santé et à un
hébergement ont disparu. C’est pourquoi, face à cet immobilisme
politique qui dure depuis près de trois ans, la LDH persévère à
demander que des mesures respectueuses des droits des personnes
exilées soient rapidement mises en place, notamment sur les sites
des Porte de la Chapelle et d'Aubervilliers.
Communiqué de la Fédération
de Paris de la Ligue des Droits de l'Homme,
Gilles Affaticati, Président,
Fédération de Paris LDH –
fedeparis@ldh-france.org
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